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Homélie du jeudi saint
Jeudi saint
Frères et sœurs, c’est une messe très particulière que je célèbre ce soir pour vous en communion de prière avec tous les prêtres du diocèse. Certains la célébreront chez eux, d’autres dans une sacristie ou dans une de leur église paroissiale, sûrs et certains, qu’à travers cette Eucharistie, c’est Jésus lui-même qui continue d’aimer ce monde, de le porter et de le sauver. Le jeudi saint est un des rares offices où, en dehors de certaines grandes fêtes, je revêts la chasuble de ma 1ère messe, offerte par mes parents. Vous y voyez sur la face ventrale, les symboles de l’Eucharistie représentés par le calice et l’hostie.
Le jeudi saint est le jour dit « des prêtres ». Jésus en effet, en instituant l’Eucharistie, a également institué le sacerdoce. A chaque messe, nous avons l’habitude de débuter par la reconnaissance de nos péchés pour en demander le pardon à Notre Seigneur. Depuis quelques années, j’ai pris l’habitude moi-aussi, ce jour-là de vous demander publiquement pardon pour mes propres péchés, pour vous signifier que je reconnais aussi que par moment, j’ai pu être à votre égard : pénible, impatient, trop sûr de moi, agaçant, etc…
En regardant dans vos rétroviseurs, les douze derniers mois écoulés, vous vous êtes probablement dits qu’en matière de péchés des membres de l’Eglise, lesprêtres, les curés et même certains évêques, vous en ont fait voir. C’était parfois si nauséeux qu’un climat de suspicion planait et plane peut-être encore à l’égard duclergéau seinde l’Eglise et à l’extérieur de l’Eglise.
Si le 1er effet du covid-19 a été de nous obliger à nous confiner, un des nombreux autres effets est qu’il nousa obligés à une réactivité pastorale incroyable à laquelle nous ne sommes peut-être plus très habitués. Il y a à peine trois ans de cela, nous pensions axer notre réflexion diocésaine sur la place et le devenir de la jeunessedans l’Eglise. A cause des abus commis par des clercs, il nous a fallu laisser ce chantier de côté et réfléchir sur un code de bonne conduite pour prévenir ces déviances. Nous pensions être arrivés au bout de ce processus de réflexion, quand avec l’épidémie que nous subissons, il nous a fallu trouver des solutions, jours après jours, semaines après semaines pour garder le lien entre nous et faire vivre les différents secteurs de la paroisse : les enfants, les adolescents et les familles et les adultes en général. D’ici peu de temps, il faudra déjà que nous commencions à nous poser des questions sur l’après-confinement. Jamais en entrant au Grand séminaire en 1988 et en 24 ans de prêtrise, je ne pensais être affrontés à de tels défis !
Mais comme le prophète Jérémie (3, 22), j’ose affirmer que « Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas ;elles se renouvellent chaque matin, – oui, Seigneur ta fidélité surabonde » et je réentends pour moi cette phrase dite à st Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (2e Corinthiens, 12, 9)
Ce soir frères et sœurs, nous sommes invités à suivre le Maître, avec son tablier de serviteur, et à regarder Jésus se mettant à genoux devant chacun de ses disciples. Comme lui qui passe de Jean à Judas le traître en n’oubliant aucun des 10 autres, il nous faudra, avec nos humbles moyens mettre nos pas dans ceux du Christ pour, nous aussi,laver et panser les pieds de tous ceux et celles qui auront souffert directement ou indirectement du coronavirus avec ses effets collatéraux physiques, psychologiques ou moraux. Je pense :
- Au surmenage des couples qui tout en étant astreints au télétravail doivent également assurer l’école à la maison, et qui ne doivent pas oublier de s’occuper d’eux-mêmes, de se parler et de prendre soin de leur couple.
- A la promiscuité qui entraine la hausse des violences conjugales et familiales
- Aux ravages de certaines addictions comme la drogue, l’alcool, le tabagisme, la pornographie, les jeux en ligne qui rendent esclave
- A la souffrance des familles liée à l’impossibilité de visiter leurs ainés confinés dans les Ehpad et dont certains sont morts dans le plus grand isolement,
- A la peur de l’autre : conjoint, enfant, petits-enfants, voisins, collègues, nous tous, qui devenons des contaminateurs potentiels
- A l’impossibilité de poser un geste d’affection, une caresse ou une marque de tendresse même entre proches
Pour expliquer la portée du geste que Jésus va faire ce soir-là au cours du dernier repas, Saint Jean l’introduit par une phrase explicative : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour Lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ».
L’expression grecque « jusqu’au bout » a plusieurs interprétations possibles : jusqu’à la fin, jusqu’à la mort, jusqu’à l’excès. Dans l’idée de Jean, l’amour de Jésus est un amour excessif.
Comment ne pas penser à toutes ces personnes qui, tout en étant croyantes, pratiquantes, athées, agnostiques, ou partageant juste quelques valeurs fondamentales se retrouvent actuellement dans l’attitude du Christ serviteur et lavent symboliquement les pieds de leurs patients, des malades, des mourants, des familles ou d’un proche collègue, d’un administré, d’une personne handicapée, d’un clochard, d’un migrant :
- Par leur sens de l’écoute et leurs paroles rassurantes
- Par des gardes à rallonge, par des remplacements au travail
- Par le souci d’accompagner le plus dignement possible, les personnes en fin de vie, etc…
- Par leur disponibilité, leurs conseils et leur sourire,
- Par les petits gestes d’entraide concernant des courses à faire, une lettre à poster, un dépannage quelconque, une invitation à la prière, etc…
En 1905, lorsque fut votée la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’Eglise souffrit beaucoup et fut profondément humiliée. Ce n’est que 13 ans plus tard qu’elle sortit grandie par l’incroyable présence spirituelle et humaine des prêtres, religieux, séminaristes qui décidèrent de s’enrôler dans l’armée afin d’être aux plus proches de leurs frères d’armes pour partager pleinement leurs conditions quotidiennes dans la tourmente de la 1ère Guerre mondiale.
Nous voilà 100 ans plus tard. La configuration a certes changé mais l’Eglise se retrouve à nouveau bien pauvre et humiliée. En cette période de confinement, je prie pour que l’Esprit Saint donne à chacun d’entre nous : à vous baptisés, à moi prêtre, de savoir nous agenouiller devant les pieds de toute personne en souffrance, même de ceux qui nous ont un jour profondément humiliés ou blessés, afin que par la charité répandue dans nos cœurs, Dieu puisse répandre ses consolations sur tous ceux et celles qui souffrent.
« Si donc moi, le Seigneur et le Maître,je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j’ai fait pour vous. » (Jean 13, 14-15)Avant de nous quitter, je voudrais vous rappeler que selon la tradition bien établie dans certaines paroisses, il y a la possibilité de s’unir à tous ceux et celles qui ont accepté d’assurer un temps de prière d’une demi-heure ou d’une heure chez eux et qui porteront l’Eglise, ses prêtres, le Peuple de Dieu tout entier ainsique notre pays et le monde dans leur prière. Une vidéo est mise en ligne pour vous aider en ce sens.
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Veillée du Jeudi saint
https://drive.google.com/open?id=1Eged7MQvOt0zlfwIvtvW_4kX-22asDU4
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Pour le jeudi saint
Veillée devant le Saint Sacrement
2020
Ce Jeudi Saint, l’Eglise fait mémoire du dernier repas de Jésus. C’est la fête de l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce et donc la fête des prêtres ! Au cours de ce repas, Jésus a fait la démonstration d’un double commandement d’amour :
- En célébrant la sainte Cène, Jésus dit aux disciples : « Vous ferez cela en mémoire de Moi » (Luc 22, 19). L’amour de Dieu pour l’homme est tel qu’Il se fait nourriture pour la vie éternelle et présence sacramentelle au point de demeurer dans leur cœur.
- En lavant les pieds des disciples, Jésus institue ce service du frère : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13, 14). Dans aucune religion on ne voit un créateur s’agenouiller devant sa créature.
Le Christ a recommandé à ses apôtres de s’aimer les uns les autres ; il leur a lui-même lavé les pieds. Lorsqu’on lave les pieds de quelqu’un, on s’abaisse devant lui et ce geste d’humilité peut être interprété comme un témoignage de respect de sa personne, de respect de sa dignité et une profonde marque d’amour. En temps habituel, le prêtre reproduit ce geste au cours de la célébration du Jeudi Saint. Il enlève sa chasuble, revêt un tablier, et avec un peu d’eau, il lave un pied à 12 personnes en mémoire de ce que Jésus a réalisé ce soir-là. En effet, peu auparavant, les disciples se comparaient et se disputaient entre eux pour savoir qui aurait le droit de s’asseoir à gauche ou à droite du Maître. Pour couper court toute discussion, Jésus fait parler les gestes qui en diront beaucoup plus long que les plus grands discours.
Une fois cette messe du jeudi saint achevée, plus aucun prêtre ne célébrera l’Eucharistie jusqu’à la vigile pascale, la fameuse nuit de Pâques.
À la fin de la messe, le tabernacle reste ouvert et le ciboire contenant les hosties consacrées, est porté en procession jusqu’à un lieu appelé le reposoir. Les nappes et les ornements de l’église sont plus sobres. Là où c’est possible, les croix et les statues sont voilées. Dès lors, les cloches se taisent jusqu’à Pâques. Ceux qui le souhaitent sont invités à venir y prier en silence pour s’associer à l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers. C’est ce que nous vous proposons de vivre maintenant.
Refrain : Voici le serviteur humble et fidèle, l’élu de Dieu. Ecoutons-le, adorons-le, imitons-le, jusqu’à l’offrande de notre vie.
- Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. » Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. » Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »
Méditation : Jésus se retirait souvent pour prier à Gethsémani, mais cette fois-ci, il ne veut pas rester seul car il éprouve de la peur et de l’angoisse. C’est pourquoi il invite Pierre, Jacques et Jean, ses amis les plus proches, à rester près de lui. Et ce soir, nous sommes nous aussi ces amis sur lesquels compte Jésus.
Jésus tombe à terre : c’est une attitude de prière qui exprime l’obéissance à la volonté du Père, l’abandon en toute confiance entre ses mains. Puis Il demande au Père que, si c’est possible, cette heure passe loin de lui. Ce n’est pas seulement la peur et l’angoisse de l’homme face à la mort, mais c’est le bouleversement du Fils de Dieu qui voit le poids redoutable du mal qu’il devra prendre sur lui pour le surmonter et le priver de son pouvoir.
Nous aussi, dans la prière, nous devons être capables d’apporter devant Dieu nos fatigues, la souffrance de certaines situations, de certaines journées, notre engagement quotidien à être chrétiens, et aussi le mal que nous voyons en nous et autour de nous. Que la proximité du Christ qu’il nous donne l’Espérance et la lumière sur le chemin de la vie.
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Pour nos frères que l’on persécute en ton Nom et qui se cachent la nuit pour te prier, pour ceux que l’on arrache en pleine nuit à leur foyer, pour leurs persécuteurs aveuglés par la haine et qui ne savent pas ce qu’ils font, Seigneur Jésus, par la Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour tous ceux qui ne nous aiment pas et que nous ne savons pas aimer, pour nos ennemis et pour tous ceux qui nous veulent du mal, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les malades, pour ceux qui sont dans les hôpitaux et qui passent la nuit dans la souffrance, pour ceux qui agonisent et meurent en cette nuit, eux dont les yeux ne verront pas le jour nouveau, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les angoissés qui ne trouvent pas le sommeil et dont la nuit est interminable, pour ceux qui sont tentés de se suicider et que la nuit soumet au pouvoir du Prince des ténèbres, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les prostituées dont on achète l’amour dans l’obscurité de la nuit, pour ceux qui sont pris au piège du vice et de la drogue dans les ténèbres Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les voleurs, les assassins et les criminels qui font le mal avec la complicité de la nuit, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
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2 Puis Jésus revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.
Méditation : Jésus cherche un peu de consolation, alors il revient vers ses disciples. Mais, il est confronté une fois encore à la faiblesse du cœur de l’homme. Il les trouve plongés dans le sommeil.
Comment Pierre qui disait vouloir mourir avec Jésus est-il incapable de veiller. Quelle déception. Comment nous-mêmes, malgré toutes nos bonnes résolutions abandonnons-nous aussi si vite Jésus. Dieu est fidèle… et nous, nous avons tant de mal à demeurer avec Lui. Pour la deuxième fois il demande à son père que la coupe s'éloigne de lui. Cette coupe c’est la souffrance et la mort qu’il va souffrir pour l'humanité, mais c’est aussi la laideur de ce qui se passe parfois dans le monde. Il est venu sur terre à cause de cela. Il est donc déterminé à aller jusqu’au bout, par amour pour son père, par amour pour nous, mais ce n'est pas facile.
Nous pensons parfois que c’est à nous de servir Dieu. Non, c’est lui qui nous sert gratuitement, parce qu’il nous a aimé en premier. Il est difficile d’aimer sans être aimés. Laissons ce soir tout particulièrement aimer et servir par Jésus. Ainsi, nous qui vivons au vingt et unième siècle, nous pouvons être à côté de Jésus, à Gethsémani, et Le consoler, en partageant quelque chose de ses souffrances avec amour.
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Pour les pauvres sans abri, pour ceux qui errent solitaires dans la nuit, au milieu de l’indifférence des autres, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour ceux qui, dans leur nuit, cherchent à te rejoindre sans y parvenir, pour les vieillards qui souffrent et s’éteignent dans la nuit de leur solitude, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les petits enfants dans la nuit du sein de leur mère, pour ceux qui ne verront pas le jour à cause de l’égoïsme des hommes, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour ceux qui travaillent et peinent dans la nuit, pour ceux qui voyagent dans l’insécurité de la nuit, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les hommes et les femmes qui s’aiment, pour les foyers qui reposent dans la paix, pour les femmes qui mettent au monde leur enfant en cette nuit, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Pour les habitants de cette ville et de ce diocèse qui dorment en cette nuit, pour nos frères, nos parents et nos amis que tu protèges dans leur sommeil, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
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3 Les laissant, de nouveau Jésus s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles. Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
Méditation : Jésus revient auprès de ses amis pour la troisième fois, mais il n’est plus le même, quelque chose s’est passé. « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer « dit-il. Le changement en Jésus est visible dans cette réaction face aux disciples. Puisqu’il les invite à dormir et à se reposer !
Jésus est comme transformé par sa prière. Il vient de sortir vainqueur de son angoisse. Il vient librement de dire oui à la volonté du Père. Il choisit l’arrestation, les moqueries, le jugement. Et ce, pour que nous soyons sauvés ; mais aussi pour nous inviter à soumettre nous aussi notre volonté au Père. Cela n'enlève pas sa souffrance, mais elle lui donne un autre sens. Cela change la peur, et la mort elle-même devient une espérance.
« Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
et s’avance plein de calme et de courage au-devant de ses ennemis ».
Pour notre père le pape François, pour notre évêque Luc et tous les évêques, pour tous les prêtres, les diacres et le peuple chrétien, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleisonPour nos frères défunts qui ne sont pas encore entrés dans la lumière de ta Gloire, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour eux, nous te prions. Kyrie eleison
Et pour nous, pécheurs, qui dans la nuit avançons vers la lumière de ton Jour sans déclin, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour nous, nous te prions. Et pour nous, pécheurs, qui dans la nuit avançons vers la lumière de ton Jour sans déclin, Seigneur Jésus, par la nuit de ta Passion où tu as souffert pour nous, nous te prions.
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Petit billet du mercredi 8 avril
Frères et sœurs
Chers amis
Hier, dans la vidéo postée sur nos deux pages Facebook et dans le mail qui vous a été envoyé par nos deux factrices Agnès et Aurélie, je vous ai parlé de la messe chrismale qui sera célébrée dans la chapelle de l’archevêché. J’avais pris le temps de développer un premier aspect qui est celui du renouvellement des promesses sacerdotales.
Je voudrais maintenant vous parler brièvement de la seconde dimension : la bénédiction des saintes huiles.
- Le saint Chrême, pour les sacrements du baptême, de la confirmation (onction sur la tête), des ordinations sacerdotales (onction dans la paume des mains) et des ordinations épiscopales (onction sur la tête)
- L'Huile des catéchumènes dont l’onction est faite sur le haut de la poitrine (dans l’Antiquité, les gladiateurs s’enduisaient d’huile. Dans les combats au corps à corps, la prise de l’adversaire était ainsi rendue plus difficile. L’Eglise gardé cette symbolique pour fortifier dans leur décision et leur choix les catéchumènes qui ont décidé de devenir enfants de Dieu, car aussi, tout comme nous, connaissent par moments ce qu’on appelle des combats spirituels
- Et l'Huile des malades dont nous parle l’épître de st Jacques dans le Nouveau testament et sur laquelle je reviendrai un peu plus tard.
D’une façon générale, l’huile est un élément qui nous est bien familier : dans la cuisine, dans la cosmétique, en pharmacie, dans le sport, nous connaissons tous le nom de baumes, de crèmes, d’onguents qui adoucissent l’effet des brûlures, atténuent certaines douleurs au niveau des articulations ou des jointures de notre corps, calment les démangeaisons et favorisent la cicatrisation.
Vous vous souvenez de la parabole du Bon Samaritain dans l’évangile de St Luc (10, 25-37). Cet homme attaqué par des bandits et laissé à demi-mort au bord du chemin ; Un prêtre et un lévite passent par là et refusent de s’arrêter. Un 3e personnage, un commerçant, non juif, issu de la région de Samarie prend le temps de soigner le blessé et versant sur ses plaies du vin pour les désinfecter et de l’huile pour en atténuer la douleur et favoriser la cicatrisation.
Dans l’évangile de Marc, il est question de l’envoi des disciples en mission : « Jésus appela les Douze; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. ». Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage». Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient » (Mc 6. 7 – 13).
Marc est le seul à rapporter que les Apôtres faisaient des onctions d'huile. A propos de cette pratique, Jacques, le frère du Seigneur, dit dans son épître catholique: « Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Eglise la fonction d'Anciens. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d'huile (Jacques 5,14). Ainsi l'huile sert-elle à soulager la souffrance.
Elle donne la lumière et apporte l'allégresse; elle symbolise la bonté de Dieu, et la grâce de l'Esprit Saint par laquelle nous sommes délivrés de nos souffrances et nous recevons la lumière, la joie et l'allégresse spirituelles. Beaucoup d’entre vous connaissez le cantique : Viens Esprit de Sainteté :
Viens Esprit de sainteté, viens, Esprit de lumière
Viens, Esprit de feu,
Viens, nous embraser.
- Viens, Esprit du Père, sois la lumière,
Fais jaillir des cieux ta splendeur de gloire.
- Viens, onction céleste, source d'eau vive,
Affermis nos cœurs et guéris nos corps.
Demain, frères et sœurs, si l’occasion vous est donnée, vous pourrez vous unir à cette messe chrismale. Peut-être que pour les cuisinières, ce sera un peu difficile car il faut penser aux estomacs de vos époux et de vos enfants. Toujours est-il que vous pourrez prier pour tous ceux et celles qui à partir de Pâques, recevront un des sacrements dont je viens de parler. Il y aura à coup sûr, nos trois catéchumènes Hanh, Geoffrey et William, mais peut-être un de vos enfants ou petits-enfants par le baptême et la confirmation, peut-être un évêque auxiliaire pour notre diocèse, et bien sûr les nombreux malades visités durant l’année ou rassemblés selon la circonstance qui auront besoin d’être consolés et entourés de notre prière.
Vous connaissez
Au cours de la Messe chrismale, demain, aura lieu également le renouvellement des promesses sacerdotales. Dans le monde entier, chaque prêtre renouvelle les engagements qu'il a pris le jour de son ordination, pour être totalement consacré au Christ dans l'exercice du ministère sacré au service de ses frères. Nous accompagnons nos prêtres par notre prière.
Dans l'après-midi du Jeudi saint commence véritablement le Triduum pascal, avec la commémoration de la Dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua le Mémorial de sa Pâque, accomplissant le rite de la Pâque juive. Selon la tradition, chaque famille juive, rassemblée autour d'une table en la fête de Pâque, mange l'agneau rôti, en faisant mémoire de la libération des juifs de l'esclavage d'Egypte ; ainsi, au cénacle, conscient de sa mort imminente, Jésus, véritable Agneau pascal, s'offre lui-même pour notre salut (cf. 1 Co 5, 7). En prononçant la bénédiction sur le pain et le vin, Il anticipe le sacrifice de la croix et manifeste l'intention de perpétuer sa présence au milieu des disciples : sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent de façon réelle à travers son corps donné et son sang versé. Au cours de la Dernière Cène, les Apôtres sont constitués ministres de ce Sacrement de salut ; Jésus leur lave les pieds (cf. Jn 13, 1-25), les invitant à s'aimer les uns les autres comme Lui les a aimés, en donnant sa vie pour eux. En répétant ce geste dans la Liturgie, nous sommes nous aussi appelés à témoigner de façon concrète de l'amour de notre Rédempteur.
Enfin, le Jeudi saint se conclut par l'Adoration eucharistique, dans le souvenir de l'agonie du Seigneur dans le jardin de Gethsémani. Ayant quitté le Cénacle, Il se retira pour prier, seul, devant le Père. Dans ce moment de communion profonde, les Evangiles rapportent que Jésus ressentit une profonde angoisse, une souffrance telle qu'il verse une sueur de sang (cf. Mt 26, 38). Conscient de sa mort imminente sur la croix, Il ressent une profonde angoisse et l'approche de la mort. Dans cette situation, apparaît également un élément de grande importance pour toute l'Eglise. Jésus dit aux siens : demeurez ici et veillez ; et cet appel à la vigilance concerne précisément ce moment d'angoisse, de menace, au cours duquel arrivera le traître, mais il concerne toute l'histoire de l'Eglise. C'est un message permanent pour tous les temps, car la somnolence des disciples était le problème non seulement de ce moment, mais est le problème de toute l'histoire. La question est de savoir en quoi consiste cette somnolence, et en quoi consisterait la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite. Je dirais que la somnolence des disciples tout au long de l'histoire est un certain manque de sensibilité de l'âme pour le pouvoir du mal, un manque de sensibilité pour tout le mal du monde. Nous ne voulons pas nous laisser trop troubler par ces choses, nous voulons les oublier : nous pensons que peut-être ce ne sera pas si grave, et nous oublions. Et il ne s'agit pas seulement de manque de sensibilité pour le mal, alors que nous devrions veiller pour faire le bien, pour lutter pour la force du bien. C'est un manque de sensibilité pour Dieu : telle est notre véritable somnolence ; ce manque de sensibilité pour la présence de Dieu qui nous rend insensibles également au mal. Nous ne sentons pas Dieu - cela nous dérangerait - et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur le chemin de notre confort. L'adoration nocturne du Jeudi saint, la vigilance avec le Seigneur, devrait être précisément le moment pour nous faire réfléchir sur la somnolence des disciples, des défenseurs de Jésus, des apôtres, de nous, qui ne voyons pas, qui ne voulons pas voir toute la force du mal, et qui ne voulons pas entrer dans sa passion pour le bien, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l'amour du prochain et de Dieu.
Puis le Seigneur commence à prier. Les trois apôtres - Pierre, Jacques et Jean - dorment, mais quelques fois se réveillent, et entendent le refrain de cette prière du Seigneur : « Que soit faite non pas ma volonté, mais ta volonté ». Qu'est-ce que ma volonté, qu'est-ce que ta volonté dont parle le Seigneur ? Ma volonté est « qu'il ne devrait pas mourir », que lui soit épargnée la coupe de la souffrance : c'est la volonté humaine, de la nature humaine, et le Christ ressent, avec toute la conscience de son être, la vie, l'abîme de la mort, la terreur du néant, cette menace de la souffrance. Et Lui plus que nous, qui avons cette aversion naturelle pour la mort, cette peur naturelle de la mort, encore plus que nous, il ressent l'abîme du mal. Il ressent, avec la mort, également toute la souffrance de l'humanité. Il sent que tout cela est la coupe qu'il doit boire, qu'il doit s'obliger à boire, il doit accepter le mal du monde, tout ce qui est terrible, l'aversion pour Dieu, tout le péché. Et nous pouvons comprendre que Jésus, avec son âme humaine, est terrorisé face à cette réalité, qu'il perçoit dans toute sa cruauté : ma volonté serait de ne pas boire cette coupe, mais ma volonté est soumise à ta volonté, à la volonté de Dieu, à la volonté du Père, qui est également la véritable volonté du Fils. Et ainsi, Jésus transforme, dans cette prière, l'aversion naturelle, l'aversion pour la coupe, pour sa mission de mourir pour nous ; il transforme sa volonté naturelle en volonté de Dieu, dans un « oui » à la volonté de Dieu. L'homme en soi est tenté de s'opposer à la volonté de Dieu, d'avoir l'intention de suivre sa propre volonté, de se sentir libre uniquement s'il est autonome ; il oppose sa propre autonomie à l'hétéronomie de suivre la volonté de Dieu. Cela est tout le drame de l'humanité. Mais en vérité, cette autonomie est fausse et cette obéissance à la volonté de Dieu n'est pas une opposition à soi-même, n'est pas un esclavage qui viole ma volonté, mais cela signifie entrer dans la vérité et dans l'amour, dans le bien. Et Jésus tire notre volonté, qui s'oppose à la volonté de Dieu, qui cherche l'autonomie, il tire notre volonté vers le haut, vers la volonté de Dieu. Tel est le drame de notre rédemption, que Jésus tire vers le haut notre volonté, toute notre aversion pour la volonté de Dieu et notre aversion pour la mort et le péché, et l'unit à la volonté du Père : « Non pas ma volonté mais la tienne ». Dans cette transformation du « non » en « oui », dans cette insertion de la volonté de la créature dans la volonté du Père, il transforme l'humanité et nous rachète. Et il nous invite à entrer dans son mouvement : sortir de notre « non » et entrer dans le « oui » du Fils. Ma volonté existe, mais la volonté du Père est décisive, car elle est la vérité et l'amour.
Un ultérieur élément de cette prière me semble important. Les trois témoins ont conservé - comme on le voit dans les Saintes Ecritures - la parole juive ou araméenne avec laquelle le Seigneur a parlé au Père, il l'a appelé « Abbà », père. Mais cette formule, « Abbà », est une forme familière du terme père, une forme qui s'utilise uniquement en famille, qui n'a jamais été utilisée à l'égard de Dieu. Ici, nous voyons dans l'intimité de Jésus comment il parle en famille, il parle vraiment comme un Fils à son Père. Nous voyons le mystère trinitaire : le Fils qui parle avec le Père et rachète l'humanité.
Encore une remarque. La Lettre aux Hébreux nous a donné une profonde interprétation de cette prière du Seigneur, de ce drame de Gethsémani. Elle dit : ces larmes de Jésus, cette prière, ce cri de Jésus, cette angoisse, tout cela n'est pas simplement une concession à la faiblesse de la chair, comme on pourrait le dire. C'est précisément ainsi qu'il réalise la charge de Souverain Prêtre, parce que le Souverain Prêtre doit porter l'être humain, avec tous ses problèmes et ses souffrances, à la hauteur de Dieu. Et la Lettre aux Hébreux dit : avec tous ces cris, ces larmes, ces souffrances, ces prières, le Seigneur a porté notre réalité à Dieu (cf. Hb 5, 7sqq). Et il utilise ce mot grec « prosferein », qui est le terme technique de ce que doit faire le Souverain Prêtre pour offrir, pour élever les mains.
C'est précisément dans ce drame de Gethsémani, où il semble que la force de Dieu ne soit plus présente, que Jésus réalise la fonction du Souverain Prêtre. Et il dit en outre que dans cet acte d'obéissance, c'est-à-dire de conformation de la volonté naturelle humaine à la volonté de Dieu, il est perfectionné comme prêtre. Et il utilise de nouveau le mot technique pour ordonner prêtre. C'est précisément ainsi qu'il devient réellement le Souverain Prêtre de l'humanité et ouvre ainsi le ciel et la porte à la résurrection.
Si nous réfléchissons sur ce drame de Gethsémani, nous pouvons voir aussi le fort contraste entre Jésus avec son angoisse, sa souffrance, et le grand philosophe Socrate, qui reste pacifique et ne se laisse pas perturber face à la mort. Cela semble l'idéal. Nous pouvons admirer ce philosophe, mais la mission de Jésus était une autre. Sa mission n'était pas cette totale indifférence et liberté ; sa mission était de porter en soi toute notre souffrance, tout le drame humain. Et c'est pourquoi précisément cette humiliation de Gethsémani est essentielle pour la mission de l'Homme-Dieu. Il porte en lui-même notre souffrance, notre pauvreté, et il la transforme selon la volonté de Dieu. Et il ouvre ainsi les portes du ciel, il ouvre le ciel : ce rideau du Très Saint, que jusqu'alors l'homme a fermé contre Dieu, est ouvert à cause de cette souffrance et de cette obéissance. Voilà quelques remarques pour le Jeudi saint, pour notre célébration de la nuit du Jeudi saint.
Le Vendredi saint, nous ferons mémoire de la passion et de la mort du Seigneur ; nous adorerons le Christ crucifié, nous participerons à ses souffrances, avec la pénitence et le jeûne. En tournant « le regard vers celui qu'ils ont transpercé » (cf. Jn 19,37), nous pourrons puiser à son cœur déchiré d'où jaillissent le sang et l'eau comme d'une source ; de ce cœur d'où jaillit l'amour de Dieu pour tout homme, nous recevons son Esprit. Accompagnons donc nous aussi, en ce Vendredi saint, Jésus qui monte au Calvaire, laissons-nous guider par Lui jusqu'à la croix, recevons l'offrande de son corps immolé. Enfin, dans la nuit du Samedi saint, nous célébrerons la Veillée pascale solennelle, au cours de laquelle nous est annoncée la résurrection du Christ, sa victoire définitive sur la mort qui nous interpelle à être en Lui des hommes nouveaux. En participant à cette sainte Veillée, la Nuit centrale de toute l'Année liturgique, nous ferons mémoire de notre Baptême, dans lequel nous aussi avons été ensevelis avec le Christ, pour pouvoir avec lui connaître la résurrection et participer au banquet du ciel (cf. Ap 19, 7-9).
Chers amis, nous avons cherché à comprendre l'état d'âme avec lequel Jésus a vécu le moment de l'épreuve extrême, pour saisir ce qui orientait son action. Le critère qui a guidé chaque choix de Jésus durant toute sa vie a été la ferme volonté d'aimer le Père, d'être un avec le Père, et de lui être fidèle ; cette décision de répondre à son amour l'a conduit à embrasser, en chaque circonstance, le projet du Père, à faire sien le dessein d'amour qui lui est confié et récapituler toute chose en Lui, pour ramener toute chose en Lui. En revivant le saint Triduum, disposons-nous à accueillir nous aussi dans notre vie la volonté de Dieu, conscients que dans la volonté de Dieu, même si elle semble dure, en opposition avec nos intentions, se trouve notre vrai bien, le chemin de la vie. Que la Vierge Mère nous guide sur cet itinéraire, et nous obtienne de son Fils divin la grâce de pouvoir consacrer notre vie par amour de Jésus, au service de nos frères. Merci.
A l'issue de l'Audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu'il a dit en français :
Demain sera le Jeudi saint. Dans l’après-midi, avec la messe du « Repas du Seigneur », commencera le Triduum pascal de la passion, la mort et la résurrection du Christ, qui est le sommet de toute l’année liturgique et aussi le sommet de notre vie chrétienne.
Le Triduum s’ouvre avec la commémoration du Dernier repas. La veille de sa passion, Jésus offrit à son Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin et, les donnant en nourriture à ses apôtres, il leur commanda d’en perpétuer l’offrande en mémoire de lui. L’Évangile de cette célébration, qui rappelle le lavement des pieds, exprime la même signification que l’Eucharistie dans une autre perspective. Jésus, comme un serviteur, lave les pieds de Simon Pierre et des onze autres disciples (cf. Jn 13, 4-5). Par ce geste prophétique, il exprime le sens de sa vie et de sa passion, comme un service rendu à Dieu et à ses frères : « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mc 10,45).
C’est aussi ce qui s’est passé lors de notre baptême, quand la grâce de Dieu nous a lavés du péché et que nous avons revêtu le Christ (cf. Col 3,10). Cela se produit chaque fois que nous faisons le mémorial du Seigneur dans l’Eucharistie : nous communions au Christ serviteur pour obéir à son commandement, celui de nous aimer comme il nous a aimés (cf. Jn 13,34 ; 15,12). Si nous nous approchons de la sainte communion sans être sincèrement disposés à nous laver les pieds les uns aux autres, nous ne reconnaissons pas le Corps du Seigneur. C’est le service de Jésus qui se donne lui-même, totalement.
Puis, après-demain, dans la liturgie du Vendredi saint, nous méditons sur le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix. Dans les derniers moments de sa vie, avant de remettre l’esprit à son Père, Jésus dit : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30). Que signifie cette parole que dit Jésus : « Tout est accompli ! » ? Cela signifie que l’œuvre du salut est accomplie, que toutes les Écritures trouvent leur plein accomplissement dans l’amour du Christ, l’Agneau immolé. Par son sacrifice, Jésus a transformé la plus grande iniquité dans le plus grand amour.
Le Samedi saint est le jour où l’Église contemple le « repos » du Christ dans la tombe après le combat victorieux de la croix. Le Samedi saint, l’Église, une fois encore, s’identifie avec Marie : toute sa foi est recueillie en elle, la première et parfaite disciple, la première et parfaite croyante. Dans l’obscurité qui enveloppe la création, elle reste seule à garder allumée la flamme de la foi, espérant contre toute espérance (cf. Rm 4,18) dans la résurrection de Jésus.
Et pendant la grande Vigile pascale où résonne à nouveau l’Alléluia, nous célébrons le Christ ressuscité, centre et fin du cosmos et de l’histoire ; nous veillons, pleins d’espérance, dans l’attente de son retour, quand la Pâque sera pleinement manifestée.
Parfois, l’obscurité de la nuit semble pénétrer dans l’âme ; parfois nous pensons : « désormais il n’y a plus rien à faire » et notre cœur ne trouve plus la force d’aimer… Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ allume le feu de l’amour de Dieu : une lueur perce l’obscurité et annonce un nouveau commencement, quelque chose commence dans l’obscurité la plus profonde. Nous savons que la nuit est « plus nuit », plus obscure juste avant que le jour ne commence. Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ est vainqueur et qu’il allume le feu de l’amour. La pierre de la souffrance est renversée, laissant place à l’espérance. Voilà le grand mystère de Pâques ! En cette sainte nuit, l’Église nous remet la lumière du Ressuscité, pour qu’il n’y ait pas en nous le regret de celui qui dit « désormais… », mais l’espérance de celui qui s’ouvre à un présent plein d’avenir : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui. Notre vie ne finit pas devant la pierre du tombeau, notre vie va au-delà avec l’espérance dans le Christ qui est ressuscité justement de ce tombeau. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être des sentinelles du matin, qui sachent distinguer les signes du Ressuscité, comme l’ont fait les femmes et les disciples accourus au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine.
Chers frères et sœurs, en ces jours du Triduum saint, ne nous limitons pas à commémorer la passion du Seigneur, mais entrons dans le mystère, faisons nôtres ses sentiments, ses attitudes, comme nous invite à le faire l’apôtre Paul : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2,5). Alors nous ferons une « bonne Pâque ».
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Petit billet du 7 avril de l'abbé Flota
6e mardi de carême – mardi saint
Frères et sœurs,
Chers amis,
Hier, j’ai oublié de vous remercier personnellement et au nom de toute l’équipe de diffusion pour tous vos retours concernant la messe des rameaux diffusée dimanche dernier.Vous avez été nombreux à nous dire qu’elle était priante et que cela vous avait permis de bien entrer dans la semaine sainte. J’ai transmis vos messages à Adrien, Agnès, Aurélie, mais aussi Christian qui jouait à l’orgue et Jean-Michel pour les prises de vue.
Aujourd’hui, vous constatez que j’ai changé le visuel qui se trouve à côté de moi. Vous y reconnaissez la sainte Cène. Je l’ai placé sous vos yeux, parce que ce mardi midi l’ensemble des prêtres du diocèse, du moins ceux qui le peuvent,nous aurionsdûnous retrouver au Grand-Séminaire de Strasbourg à partir de midipour le repas, un temps de rencontre et d’échange avec notre archevêque, une méditation spirituelle, une heure d’adoration avec la possibilité de nous confesser, la prière des vêpres et enfin la messe chrismale au cours de laquelle, l’évêque consacre le saint chrême et bénit l’huile des catéchumènes et l’huile pour les malades.
C’est au cours de cette messe, que les prêtres renouvellent annuellement leurs promesses sacerdotales. Puis l’Archevêque fait de même avec les diacres présents en fonction des engagements qui sont les leurs. Voulez-vous….
Pourquoi une telle démarche ?
Que nous le voulions ou non, la routine, le travail intensif ou les aléas du ministère érodent par moment le premier « oui » plus généreux et rempli de dynamisme de nos jeunes années. Dans le Livre de l’Apocalypse (2, 3-4), Dieu s’adresse à l’ange de l’Église qui est à Éphèse et lui dit : « Tu ne manques pas de persévérance, et tu as tant supporté pour mon nom, sans ménager ta peine.Mais j’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné».
A côté de ma charge de curé, j’accompagne une Equipe Notre Dame composée de 5 couples, j’apprécie beaucoup de voir combien ils essayent de se donner une fois par an, le temps de faire une retraite. Ils font l’effort de consacrer un WE, parfois davantage, pour revivifier les racines de leur mariage. Durant la semaine sainte, c’est parfois un grand effort pour nous les prêtres de nous extraire des préparatifs paroissiaux pour nous donner le temps de vivre la fraternité sacerdotale entre nous et avec notre évêque, successeur des apôtres. C’est un effort, mais nous nous rendons compte combien par moment, c’est nécessaire.
Il arrive que des prêtres soient parfois à des points de rupture ou des moments charnières dans leur vie : un « oui » ou un « non » prononcé trop tard peut avoir des conséquences funestes dans la vie personnelle, le ministère, sans oublier les répercussions sur la communauté chrétienne et l’Eglise en général.Mon propos n’est pasde revenir sur ce qui a fait la une des journaux depuis maintenant 2 – 3 ans.
En reprenant le parallèle si parlant avec la vie de couple, je n’hésite pas à vous raconter un témoignage que j’ai lue il y a plusieurs années dans une revue. Un couple au bord de la rupture s’était donné comme ultime chance pour sauver leur union de faire une session Cana avec la Communauté du Chemin Neuf. Au bout de quelques jours, l’épouse n’y tenant plus, avait décidé dans son cœur, que de toute façon, cela ne servait à rien, et que, dès le retour à la maison, elle demanderait le divorce. Au cours de la messe à laquelle elle participait aux côtés de son mari, une jeune fille atteinte de trisomie 21 s’approcha d’elle, lui prit délicatement la main et se mit à lui montrer son alliance de mariage. Le geste de cette enfant tout autant que son regardpure et lumineux firent couler chez l’épouse des larmes : elle venait de comprendre que Dieu l’invitait à s’ancrer davantage dans la grâce du sacrement de mariage et à s’appuyer sur Lui. La petite intervention salutaire de cette enfant trisomique fut le signe envoyé par le ciel qui permit de sauver le couple du naufrage.
Dans la vie d’un prêtre, il en est de même. Il m’arrive parfois de rappeler l’histoire du papa de saint Jean-Baptiste. Vous la trouverez dans l’évangile de saint Luc, au chapitre un. La Bible nous dit que Zacharie était prêtre et qu’il servait Dieu dans le Temple, mais malgré sa fidélité et ses prières, il était resté sans enfant. En ce temps-là, au sein du peuple juif, les prêtres étaient mariés. Depuis qu’il était jeune, Zacharie avait demandé au Seigneur, la joie d’être papa, mais sa femme Elisabeth ne lui avait pas donné de descendance. Un jour, alors qu’il avait été tiré au sort pour offrir l’encens et se présenter devant Dieu dans la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, l’ange Gabriel lui apparait et lui annonce l’incroyable nouvelle : Dieu allait enfin exaucer la prière que Zacharie avait formulé depuis tant d’années : il allait être papa. Malheureusement, le prêtre douta et devint muet pendant 9 mois jusqu’au jour où il écrivit sur une tablette que l’enfant s’appellerait bien : « Jean ». Ce prénom signifie : « Dieu a fait grâce ».
Ce récit biblique nous montre que tout en étant au contact de Dieu lui-même, en étant régulièrement au service de la prière, une sorte de sclérose de la vie spirituelle peut s’installer si on n’y prend pas garde. C’est vrai pour chacun d’entre nous, mais nous constatons combien cetteparalysie est encore plus dangereuse chez ceux qui sont chargés d’enseignerla Parole Dieuet d’en vivre avec cohérence.
Le renouvellement des promesses sacerdotales lors de la messe chrismale ne fait pas tout, vous l’aurez compris, mais la réponse personnelle du prêtre aux questions de l’évêque reprécise le choix de vie, année après année et le réinvite à s’ancrer dans l’Esprit Saint pour lui demander de revivifier la grâce sacerdotale reçue au jour son ordination.
Exceptionnellement cette année, la messe chrismale sera célébrée jeudi matin, dans la chapelle de l’archevêché. Vous pourrez la suivre sur la page Facebook du diocèse à partir de 11h. Quant au renouvellement des promesses sacerdotales, les prêtres seront invités à les vivre le 7 d’octobre, lors de notre pèlerinage jubilaire pour le 1300e anniversaire de la mort de Ste Odile. Pour terminer cette petite causerie, je vous propose ce cantique qui reprend les paroles de Jésus dans l’évangile de st Jean au chapitre 15.
Chant : Je vous ai choisis, je vous ai établis
- Je vous ai choisis, Je vous ai établis
Pour que vous alliez et viviez de ma vie.
Demeurez en Moi, vous porterez du fruit,
Je fais de vous mes frères et mes amis.
2. Contemplez mes mains et mon cœur transpercés,
Accueillez la vie que l´Amour veut donner.
Ayez foi en moi, Je suis ressuscité,
Et bientôt dans la gloire, vous me verrez.
3. Recevez l´Esprit de puissance et de paix,
Soyez mes témoins, pour vous J´ai tout donné.
Perdez votre vie, livrez-vous sans compter,
Vous serez mes disciples, mes bien-aimés !
4. Consolez mon peuple, Je suis son berger.
Donnez-lui la joie dont Je vous ai comblés.
Ayez pour vos frères la tendresse du Père,
Demeurez près de Moi, alors vous vivrez !
youtube.com/watch?v=SEtoup2wYHM
- Je vous ai choisis, Je vous ai établis
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Petit billet du lundi 6 avril
6e lundi de carême – lundi saint
Frères et sœurs,
Chers amis,
Nous voilà entrés depuis hier dans la semaine que l’on appelle sainte, parce que celui qui est Saint, Jésus, va nous donner part à sa sainteté. Il va descendre dans notre mort pour nous ouvrir à l’immortalité.
Vous vous souvenez que pour nous préparer à la fête de Noël, nous vivons la période de l’Avent.
Eh bien, il n’est pas faux de dire que la semaine sainte est aussi pour l’Eglise comme un second Avent : un temps de préparation qui débouche sur une seconde naissance de notre Seigneur. Ce n’est plus la naissance de Noël où le Fils de Dieu qui est auprès du Père de toute éternité s’est fait petit enfant. C’est une naissance par l’Esprit Saint pour nous introduire dans la vie divine et le lieu de cette manifestation n’est plus Bethléem mais la ville sainte de Jérusalem.
Aujourd’hui, lundi saint, st Jean nous raconte un événement qui se déroule dans le petit village de Béthanie. C’est un nom que vous voyez parfois sur certaines maisons secondaires à la campagne. Certaines personnes disent parfois d’un lieu où elles demeurent pour leurs villégiatures : « C’est mon petit Béthanie ». Cette expression signifie que c’est là qu’elles se sentent bien. Comme nous, Jésus avait des amis auprès desquels il aimait demeurer et se reposer.
Rappelons-nous que Lazare, a été rendu à la vie après son 4e jour de décès. Pour fêter ce miracle incroyable, il organise un repas. Il y invite tous ses amis et remercie Jésus qui l’a fait sortir vivant du tombeau. Au cours de ce banquet, Marie, la sœur de Lazare va faire un geste absolument inattendu : elle verse un parfum très pur et de très grande valeur sur les pieds de Jésus. En agissant ainsi, elle accomplit un geste prophétique : elle anticipe la mort de Jésus car ce sont les pieds d’un mort qui reçoivent habituellement ce traitement.
Son geste s’accompagne de beaucoup d’amour et d’une grande reconnaissance. Elle a compris que Jésus a redonné la vie à son frère Lazare, alors qu’il se sait condamné. Elle a perçu que le don de la vie dont jouit son frère jaillit de la mort à laquelle le Maître va consentir. En effet, Jésus a réellement signé son arrêt de mort. Rappelez-vous ce que nous dit l’évangéliste st Jean (12, 45-46. 53) : « Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. (…) À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer ».
Intuitive comme le sont bien souvent les femmes, Marie a également compris une des phrases mystérieuses que Jésus avait dite peu de temps auparavant (Jean 10, 17-18) : « Nul ne peut enlever ma vie : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau ». Un peu plus tard, Jésus confirmera ses propos en disant : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15, 13).
St Paul sera touché par cette phrase et l’accueillant pour lui, il dira : « le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi » (Galates 2, 20).
Au cours de ces jours saints, demandons à l’Esprit saint de nous faire comprendre ces deux paroles pour avoir comme Marie l’attitude de reconnaissance qu’il mérite :
- « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime»
- « Le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi»
Et moi, quelle va être ma façon à moi d’honorer Jésus et de le remercier pour le don de sa vie sur la croix ?
Enfin, saint Jean nous livre un petit détail: « La maison fut remplie de l’odeur du parfum ». Qu’est-ce qui pourrait faire que pour Pâques, ma maison et mon cœur soient remplis d’un parfum d’agréable odeur pour Dieu et les autres ?
Je vous propose de terminer par ce cantique bien connu dans le milieu évangélique que nous avons appris aux enfants dans le cadre des écoles de prière.
Je Te donne mon cœur, il ne m'appartient plus. Ce que j'ai de meilleur, tout est pour Toi Jésus.
Un parfum de valeur, sur Toi est répandu, c'est l'offrande de mon cœur, je suis à Toi Jésus.
Prends mon âme, prends mon cœur, je Te donne tout.
Prends ma vie, me voici je Te donne tout. Mon cœur est à Toi, tout à Toi.