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Petit billet du mercredi 8 avril

Frères et sœurs

Chers amis

Hier, dans la vidéo postée sur nos deux pages Facebook et dans le mail qui vous a été envoyé par nos deux factrices Agnès et Aurélie, je vous ai parlé de la messe chrismale qui sera célébrée dans la chapelle de l’archevêché. J’avais pris le temps de développer un premier aspect qui est celui du renouvellement des promesses sacerdotales.

Je voudrais maintenant vous parler brièvement de la seconde dimension : la bénédiction des saintes huiles.

  • Le saint Chrême, pour les sacrements du baptême, de la confirmation (onction sur la tête), des ordinations sacerdotales (onction dans la paume des mains) et des ordinations épiscopales (onction sur la tête)
  • L'Huile des catéchumènes dont l’onction est faite sur le haut de la poitrine (dans l’Antiquité, les gladiateurs s’enduisaient d’huile. Dans les combats au corps à corps, la prise de l’adversaire était ainsi rendue plus difficile. L’Eglise gardé cette symbolique pour fortifier dans leur décision et leur choix les catéchumènes qui ont décidé de devenir enfants de Dieu, car aussi, tout comme nous, connaissent par moments ce qu’on appelle des combats spirituels
  • Et l'Huile des malades dont nous parle l’épître de st Jacques dans le Nouveau testament et sur laquelle je reviendrai un peu plus tard.

D’une façon générale, l’huile est un élément qui nous est bien familier : dans la cuisine, dans la cosmétique, en pharmacie, dans le sport, nous connaissons tous le nom de baumes, de crèmes, d’onguents qui adoucissent l’effet des brûlures, atténuent certaines douleurs au niveau des articulations ou des jointures de notre corps, calment les démangeaisons et favorisent la cicatrisation.

Vous vous souvenez de la parabole du Bon Samaritain dans l’évangile de St Luc (10, 25-37). Cet homme attaqué par des bandits et laissé à demi-mort au bord du chemin ; Un prêtre et un lévite passent par là et refusent de s’arrêter. Un 3e personnage, un commerçant, non juif, issu de la région de Samarie prend le temps de soigner le blessé et versant sur ses plaies du vin pour les désinfecter et de l’huile pour en atténuer la douleur et favoriser la cicatrisation.

Dans l’évangile de Marc, il est question de l’envoi des disciples en mission : « Jésus appela les Douze; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. ». Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage».  Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient » (Mc 6. 7 – 13).

Marc est le seul à rapporter que les Apôtres faisaient des onctions d'huile. A propos de cette pratique, Jacques, le frère du Seigneur, dit dans son épître catholique: « Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Eglise la fonction d'Anciens. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d'huile (Jacques 5,14). Ainsi l'huile sert-elle à soulager la souffrance.

Elle donne la lumière et apporte l'allégresse; elle symbolise la bonté de Dieu, et la grâce de l'Esprit Saint par laquelle nous sommes délivrés de nos souffrances et nous recevons la lumière, la joie et l'allégresse spirituelles. Beaucoup d’entre vous connaissez le cantique : Viens Esprit de Sainteté :

Viens Esprit de sainteté, viens, Esprit de lumière

Viens, Esprit de feu,

Viens, nous embraser.

 

  1. Viens, Esprit du Père, sois la lumière,

Fais jaillir des cieux ta splendeur de gloire.

 

  1. Viens, onction céleste, source d'eau vive,

Affermis nos cœurs et guéris nos corps.

Demain, frères et sœurs, si l’occasion vous est donnée, vous pourrez vous unir à cette messe chrismale. Peut-être que pour les cuisinières, ce sera un peu difficile car il faut penser aux estomacs de vos époux et de vos enfants. Toujours est-il que vous pourrez prier pour tous ceux et celles qui à partir de Pâques, recevront un des sacrements dont je viens de parler. Il y aura à coup sûr, nos trois catéchumènes Hanh, Geoffrey et William, mais peut-être un de vos enfants ou petits-enfants par le baptême et la confirmation, peut-être un évêque auxiliaire pour notre diocèse, et bien sûr les nombreux malades visités durant l’année ou rassemblés selon la circonstance qui auront besoin d’être consolés et entourés de notre prière.

 

 

Vous connaissez

 

Au cours de la Messe chrismale, demain, aura lieu également le renouvellement des promesses sacerdotales. Dans le monde entier, chaque prêtre renouvelle les engagements qu'il a pris le jour de son ordination, pour être totalement consacré au Christ dans l'exercice du ministère sacré au service de ses frères. Nous accompagnons nos prêtres par notre prière.

Dans l'après-midi du Jeudi saint commence véritablement le Triduum pascal, avec la commémoration de la Dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua le Mémorial de sa Pâque, accomplissant le rite de la Pâque juive. Selon la tradition, chaque famille juive, rassemblée autour d'une table en la fête de Pâque, mange l'agneau rôti, en faisant mémoire de la libération des juifs de l'esclavage d'Egypte ; ainsi, au cénacle, conscient de sa mort imminente, Jésus, véritable Agneau pascal, s'offre lui-même pour notre salut (cf. 1 Co 5, 7). En prononçant la bénédiction sur le pain et le vin, Il anticipe le sacrifice de la croix et manifeste l'intention de perpétuer sa présence au milieu des disciples : sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent de façon réelle à travers son corps donné et son sang versé. Au cours de la Dernière Cène, les Apôtres sont constitués ministres de ce Sacrement de salut ; Jésus leur lave les pieds (cf. Jn 13, 1-25), les invitant à s'aimer les uns les autres comme Lui les a aimés, en donnant sa vie pour eux. En répétant ce geste dans la Liturgie, nous sommes nous aussi appelés à témoigner de façon concrète de l'amour de notre Rédempteur.

Enfin, le Jeudi saint se conclut par l'Adoration eucharistique, dans le souvenir de l'agonie du Seigneur dans le jardin de Gethsémani. Ayant quitté le Cénacle, Il se retira pour prier, seul, devant le Père. Dans ce moment de communion profonde, les Evangiles rapportent que Jésus ressentit une profonde angoisse, une souffrance telle qu'il verse une sueur de sang (cf. Mt 26, 38). Conscient de sa mort imminente sur la croix, Il ressent une profonde angoisse et l'approche de la mort. Dans cette situation, apparaît également un élément de grande importance pour toute l'Eglise. Jésus dit aux siens : demeurez ici et veillez ; et cet appel à la vigilance concerne précisément ce moment d'angoisse, de menace, au cours duquel arrivera le traître, mais il concerne toute l'histoire de l'Eglise. C'est un message permanent pour tous les temps, car la somnolence des disciples était le problème non seulement de ce moment, mais est le problème de toute l'histoire. La question est de savoir en quoi consiste cette somnolence, et en quoi consisterait la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite. Je dirais que la somnolence des disciples tout au long de l'histoire est un certain manque de sensibilité de l'âme pour le pouvoir du mal, un manque de sensibilité pour tout le mal du monde. Nous ne voulons pas nous laisser trop troubler par ces choses, nous voulons les oublier : nous pensons que peut-être ce ne sera pas si grave, et nous oublions. Et il ne s'agit pas seulement de manque de sensibilité pour le mal, alors que nous devrions veiller pour faire le bien, pour lutter pour la force du bien. C'est un manque de sensibilité pour Dieu : telle est notre véritable somnolence ; ce manque de sensibilité pour la présence de Dieu qui nous rend insensibles également au mal. Nous ne sentons pas Dieu - cela nous dérangerait - et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur le chemin de notre confort. L'adoration nocturne du Jeudi saint, la vigilance avec le Seigneur, devrait être précisément le moment pour nous faire réfléchir sur la somnolence des disciples, des défenseurs de Jésus, des apôtres, de nous, qui ne voyons pas, qui ne voulons pas voir toute la force du mal, et qui ne voulons pas entrer dans sa passion pour le bien, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l'amour du prochain et de Dieu.

Puis le Seigneur commence à prier. Les trois apôtres - Pierre, Jacques et Jean - dorment, mais quelques fois se réveillent, et entendent le refrain de cette prière du Seigneur : « Que soit faite non pas ma volonté, mais ta volonté ». Qu'est-ce que ma volonté, qu'est-ce que ta volonté dont parle le Seigneur ? Ma volonté est « qu'il ne devrait pas mourir », que lui soit épargnée la coupe de la souffrance : c'est la volonté humaine, de la nature humaine, et le Christ ressent, avec toute la conscience de son être, la vie, l'abîme de la mort, la terreur du néant, cette menace de la souffrance. Et Lui plus que nous, qui avons cette aversion naturelle pour la mort, cette peur naturelle de la mort, encore plus que nous, il ressent l'abîme du mal. Il ressent, avec la mort, également toute la souffrance de l'humanité. Il sent que tout cela est la coupe qu'il doit boire, qu'il doit s'obliger à boire, il doit accepter le mal du monde, tout ce qui est terrible, l'aversion pour Dieu, tout le péché. Et nous pouvons comprendre que Jésus, avec son âme humaine, est terrorisé face à cette réalité, qu'il perçoit dans toute sa cruauté : ma volonté serait de ne pas boire cette coupe, mais ma volonté est soumise à ta volonté, à la volonté de Dieu, à la volonté du Père, qui est également la véritable volonté du Fils. Et ainsi, Jésus transforme, dans cette prière, l'aversion naturelle, l'aversion pour la coupe, pour sa mission de mourir pour nous ; il transforme sa volonté naturelle en volonté de Dieu, dans un « oui » à la volonté de Dieu. L'homme en soi est tenté de s'opposer à la volonté de Dieu, d'avoir l'intention de suivre sa propre volonté, de se sentir libre uniquement s'il est autonome ; il oppose sa propre autonomie à l'hétéronomie de suivre la volonté de Dieu. Cela est tout le drame de l'humanité. Mais en vérité, cette autonomie est fausse et cette obéissance à la volonté de Dieu n'est pas une opposition à soi-même, n'est pas un esclavage qui viole ma volonté, mais cela signifie entrer dans la vérité et dans l'amour, dans le bien. Et Jésus tire notre volonté, qui s'oppose à la volonté de Dieu, qui cherche l'autonomie, il tire notre volonté vers le haut, vers la volonté de Dieu. Tel est le drame de notre rédemption, que Jésus tire vers le haut notre volonté, toute notre aversion pour la volonté de Dieu et notre aversion pour la mort et le péché, et l'unit à la volonté du Père : « Non pas ma volonté mais la tienne ». Dans cette transformation du « non » en « oui », dans cette insertion de la volonté de la créature dans la volonté du Père, il transforme l'humanité et nous rachète. Et il nous invite à entrer dans son mouvement : sortir de notre « non » et entrer dans le « oui » du Fils. Ma volonté existe, mais la volonté du Père est décisive, car elle est la vérité et l'amour.

Un ultérieur élément de cette prière me semble important. Les trois témoins ont conservé - comme on le voit dans les Saintes Ecritures - la parole juive ou araméenne avec laquelle le Seigneur a parlé au Père, il l'a appelé « Abbà », père. Mais cette formule, « Abbà », est une forme familière du terme père, une forme qui s'utilise uniquement en famille, qui n'a jamais été utilisée à l'égard de Dieu. Ici, nous voyons dans l'intimité de Jésus comment il parle en famille, il parle vraiment comme un Fils à son Père. Nous voyons le mystère trinitaire : le Fils qui parle avec le Père et rachète l'humanité.

Encore une remarque. La Lettre aux Hébreux nous a donné une profonde interprétation de cette prière du Seigneur, de ce drame de Gethsémani. Elle dit : ces larmes de Jésus, cette prière, ce cri de Jésus, cette angoisse, tout cela n'est pas simplement une concession à la faiblesse de la chair, comme on pourrait le dire. C'est précisément ainsi qu'il réalise la charge de Souverain Prêtre, parce que le Souverain Prêtre doit porter l'être humain, avec tous ses problèmes et ses souffrances, à la hauteur de Dieu. Et la Lettre aux Hébreux dit : avec tous ces cris, ces larmes, ces souffrances, ces prières, le Seigneur a porté notre réalité à Dieu (cf. Hb 5, 7sqq). Et il utilise ce mot grec « prosferein », qui est le terme technique de ce que doit faire le Souverain Prêtre pour offrir, pour élever les mains.

C'est précisément dans ce drame de Gethsémani, où il semble que la force de Dieu ne soit plus présente, que Jésus réalise la fonction du Souverain Prêtre. Et il dit en outre que dans cet acte d'obéissance, c'est-à-dire de conformation de la volonté naturelle humaine à la volonté de Dieu, il est perfectionné comme prêtre. Et il utilise de nouveau le mot technique pour ordonner prêtre. C'est précisément ainsi qu'il devient réellement le Souverain Prêtre de l'humanité et ouvre ainsi le ciel et la porte à la résurrection.

Si nous réfléchissons sur ce drame de Gethsémani, nous pouvons voir aussi le fort contraste entre Jésus avec son angoisse, sa souffrance, et le grand philosophe Socrate, qui reste pacifique et ne se laisse pas perturber face à la mort. Cela semble l'idéal. Nous pouvons admirer ce philosophe, mais la mission de Jésus était une autre. Sa mission n'était pas cette totale indifférence et liberté ; sa mission était de porter en soi toute notre souffrance, tout le drame humain. Et c'est pourquoi précisément cette humiliation de Gethsémani est essentielle pour la mission de l'Homme-Dieu. Il porte en lui-même notre souffrance, notre pauvreté, et il la transforme selon la volonté de Dieu. Et il ouvre ainsi les portes du ciel, il ouvre le ciel : ce rideau du Très Saint, que jusqu'alors l'homme a fermé contre Dieu, est ouvert à cause de cette souffrance et de cette obéissance. Voilà quelques remarques pour le Jeudi saint, pour notre célébration de la nuit du Jeudi saint.

Le Vendredi saint, nous ferons mémoire de la passion et de la mort du Seigneur ; nous adorerons le Christ crucifié, nous participerons à ses souffrances, avec la pénitence et le jeûne. En tournant « le regard vers celui qu'ils ont transpercé » (cf. Jn 19,37), nous pourrons puiser à son cœur déchiré d'où jaillissent le sang et l'eau comme d'une source ; de ce cœur d'où jaillit l'amour de Dieu pour tout homme, nous recevons son Esprit. Accompagnons donc nous aussi, en ce Vendredi saint, Jésus qui monte au Calvaire, laissons-nous guider par Lui jusqu'à la croix, recevons l'offrande de son corps immolé. Enfin, dans la nuit du Samedi saint, nous célébrerons la Veillée pascale solennelle, au cours de laquelle nous est annoncée la résurrection du Christ, sa victoire définitive sur la mort qui nous interpelle à être en Lui des hommes nouveaux. En participant à cette sainte Veillée, la Nuit centrale de toute l'Année liturgique, nous ferons mémoire de notre Baptême, dans lequel nous aussi avons été ensevelis avec le Christ, pour pouvoir avec lui connaître la résurrection et participer au banquet du ciel (cf. Ap 19, 7-9).

Chers amis, nous avons cherché à comprendre l'état d'âme avec lequel Jésus a vécu le moment de l'épreuve extrême, pour saisir ce qui orientait son action. Le critère qui a guidé chaque choix de Jésus durant toute sa vie a été la ferme volonté d'aimer le Père, d'être un avec le Père, et de lui être fidèle ; cette décision de répondre à son amour l'a conduit à embrasser, en chaque circonstance, le projet du Père, à faire sien le dessein d'amour qui lui est confié et récapituler toute chose en Lui, pour ramener toute chose en Lui. En revivant le saint Triduum, disposons-nous à accueillir nous aussi dans notre vie la volonté de Dieu, conscients que dans la volonté de Dieu, même si elle semble dure, en opposition avec nos intentions, se trouve notre vrai bien, le chemin de la vie. Que la Vierge Mère nous guide sur cet itinéraire, et nous obtienne de son Fils divin la grâce de pouvoir consacrer notre vie par amour de Jésus, au service de nos frères. Merci.

A l'issue de l'Audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu'il a dit en français :

Demain sera le Jeudi saint. Dans l’après-midi, avec la messe du « Repas du Seigneur », commencera le Triduum pascal de la passion, la mort et la résurrection du Christ, qui est le sommet de toute l’année liturgique et aussi le sommet de notre vie chrétienne.

Le Triduum s’ouvre avec la commémoration du Dernier repas. La veille de sa passion, Jésus offrit à son Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin et, les donnant en nourriture à ses apôtres, il leur commanda d’en perpétuer l’offrande en mémoire de lui. L’Évangile de cette célébration, qui rappelle le lavement des pieds, exprime la même signification que l’Eucharistie dans une autre perspective. Jésus, comme un serviteur, lave les pieds de Simon Pierre et des onze autres disciples (cf. Jn 13, 4-5). Par ce geste prophétique, il exprime le sens de sa vie et de sa passion, comme un service rendu à Dieu et à ses frères : « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mc 10,45).

C’est aussi ce qui s’est passé lors de notre baptême, quand la grâce de Dieu nous a lavés du péché et que nous avons revêtu le Christ (cf. Col 3,10). Cela se produit chaque fois que nous faisons le mémorial du Seigneur dans l’Eucharistie : nous communions au Christ serviteur pour obéir à son commandement, celui de nous aimer comme il nous a aimés (cf. Jn 13,34 ; 15,12). Si nous nous approchons de la sainte communion sans être sincèrement disposés à nous laver les pieds les uns aux autres, nous ne reconnaissons pas le Corps du Seigneur. C’est le service de Jésus qui se donne lui-même, totalement.

Puis, après-demain, dans la liturgie du Vendredi saint, nous méditons sur le mystère de la mort du Christ et nous adorons la Croix. Dans les derniers moments de sa vie, avant de remettre l’esprit à son Père, Jésus dit : « Tout est accompli ! » (Jn 19,30). Que signifie cette parole que dit Jésus : « Tout est accompli ! » ? Cela signifie que l’œuvre du salut est accomplie, que toutes les Écritures trouvent leur plein accomplissement dans l’amour du Christ, l’Agneau immolé. Par son sacrifice, Jésus a transformé la plus grande iniquité dans le plus grand amour.

Le Samedi saint est le jour où l’Église contemple le « repos » du Christ dans la tombe après le combat victorieux de la croix. Le Samedi saint, l’Église, une fois encore, s’identifie avec Marie : toute sa foi est recueillie en elle, la première et parfaite disciple, la première et parfaite croyante. Dans l’obscurité qui enveloppe la création, elle reste seule à garder allumée la flamme de la foi, espérant contre toute espérance (cf. Rm 4,18) dans la résurrection de Jésus.

Et pendant la grande Vigile pascale où résonne à nouveau l’Alléluia, nous célébrons le Christ ressuscité, centre et fin du cosmos et de l’histoire ; nous veillons, pleins d’espérance, dans l’attente de son retour, quand la Pâque sera pleinement manifestée.

Parfois, l’obscurité de la nuit semble pénétrer dans l’âme ; parfois nous pensons : « désormais il n’y a plus rien à faire » et notre cœur ne trouve plus la force d’aimer… Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ allume le feu de l’amour de Dieu : une lueur perce l’obscurité et annonce un nouveau commencement, quelque chose commence dans l’obscurité la plus profonde. Nous savons que la nuit est « plus nuit », plus obscure juste avant que le jour ne commence. Mais c’est précisément dans cette obscurité que le Christ est vainqueur et qu’il allume le feu de l’amour. La pierre de la souffrance est renversée, laissant place à l’espérance. Voilà le grand mystère de Pâques ! En cette sainte nuit, l’Église nous remet la lumière du Ressuscité, pour qu’il n’y ait pas en nous le regret de celui qui dit « désormais… », mais l’espérance de celui qui s’ouvre à un présent plein d’avenir : le Christ a vaincu la mort, et nous avec lui. Notre vie ne finit pas devant la pierre du tombeau, notre vie va au-delà avec l’espérance dans le Christ qui est ressuscité justement de ce tombeau. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être des sentinelles du matin, qui sachent distinguer les signes du Ressuscité, comme l’ont fait les femmes et les disciples accourus au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine.

Chers frères et sœurs, en ces jours du Triduum saint, ne nous limitons pas à commémorer la passion du Seigneur, mais entrons dans le mystère, faisons nôtres ses sentiments, ses attitudes, comme nous invite à le faire l’apôtre Paul : « Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2,5). Alors nous ferons une « bonne Pâque ».

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