5e lundi de carême – 30 mars 2020
Chers amis
Chers frères et sœurs
Aujourd’hui, je voudrais plus particulièrement m’attarder sur le 1er verset du psaume du jour que nous entendons à la messe, le psaume 22/23 que vous connaissez bien : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ».
C’est probablement un des psaumes les plus connus de l’Ancien Testament, parce que les images qu’il utilise sont attendrissantes. Je me souviens d’un paroissien de Rimbach qui, lorsqu’il avait vu pour la première fois l’image ci-contre, l’avait trouvée très belle.
Vous savez que lorsque nous lisons un texte biblique, nous devons toujours nous poser la question : « Qu’est-ce que ce passage me dit sur moi et sur ma relation avec Jésus ? ». Un jour, lors d’une préparation de baptême, dans la région mulhousienne, j’ai visité un jeune couple dont la petite fille avait passé plusieurs jours à l’hôpital Hautepierre de Strasbourg après la naissance, c’est vous dire le degré de complications. Par ailleurs, vous savez ce que cela signifie d’aller à Strasbourgquand on habite le sud du Haut-Rhin. Et ce n’est pas à ceux qui sont parents, que je vais apprendre qu’une fois l’accouchement réalisé, la plus grande joie est de pouvoir se retrouver en famille, chez soi, avec tout le monde en bonne santé. Eh bien là, ce ne fut pas le cas. Dans la discussionle jeune papa m’apprit que dans les semaines qui suivraient, l’entreprise qui l’embauchait aller le licencier. Nous avons prié ensemble. Comme j’avais pris beaucoup de temps pour les écouter, je leur ai proposé de les revoir pour étudier plus spécifiquement la demande de baptême en leur laissant la revue pour choisir les lectures bibliques. Lors de notre 2e rencontre, ils m’ont parlé du psaume 22. M’étant souvenu de ce qu’ils m’avaient confié, je leur ai proposé de le lire à haute voix: « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ». J’ai alors demandé au jeune papa : « Est-ce que, compte tenu de ce que vous m’avez dit la dernière fois sur les soucis de santé du bébé et votre travail, vous arrivez à faire vôtres les paroles que vous venez de lire et à dire : Seigneur Tu es mon berger, avec Toi je ne manque de rien » ? Je n’ai pas la réponse ce jour-là et à la rigueur peu importe. Ce qui compte, c’est qu’un petit acte de confiance ait pu être posé dans le secret du cœur de cet homme.
Hier soir, au presbytère, avec Adrien nous avons écouté la 1ère conférence de carême du Père Guillaume de MENTHIERE à Paris. Il y racontait l’anecdote suivante. A la messe, lorsqu’il posait la question : « Croyez-vous en Dieu le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre ? » une paroissienne avait l’habitude de répondre : « Je l’aime », à la place de dire « Amen ». Et puis un jour, le prêtre l’a entendu répondre : non pas : « Je l’aime », mais « Il m’aime ».
C’est par cette réponse qu’il a vu que cette dame avait progressé spirituellement dans sa foi. Si Dieu le Père est mon berger et que je ne manque de rien, c’est bien parce que Dieu m’aime.
Revenons à notre psaume : vous savez qu’avant d’être roi, David était un berger.Il s’occupait du troupeau de son père Jessé. Lorsqu’il va composer cette belle prière qu’est le psaume 22, la figure du berger qu’il a été dans sa jeunesse sera tellement évocatrice qu’il va s’en servir pour traduire le caractère de Dieu.
Dans le 1er livre de Samuel, au chapitre 17, il est question du combat contre Goliath. David se propose pour aller affronter le géant, mais le roi Saül cherche à l’en dissuader : « Tu n’es qu’un enfant, et lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse. » (v. 34). Que fait David ? Il ne dit pas effectivement, c’est une montagne de muscles, je suis incapable de quoi que ce soit ! Il se rappelle de tout ce que Dieu a fait pour lui précédemment, et c’est sur cela qu’il s’appuie pour fonder son courage et sa confiance. « Quand ton serviteur était berger du troupeau de son père, si un lion ou bien un ours venait emporter une brebis du troupeau,je partais à sa poursuite, je le frappais et la délivrais de sa gueule. S’il m’attaquait, je le saisissais par la crinière et je le frappais à mort.Ton serviteur a frappé et le lion et l’ours. Eh bien ! ce Philistin incirconcis sera comme l’un d’eux puisqu’il a défié les armées du Dieu vivant ! »David insista : « Le Seigneur, qui m’a délivré des griffes du lion et de l’ours, me délivrera des mains de ce Philistin. » Alors Saül lui dit : « Va, et que le Seigneur soit avec toi ! » (V. 34 – 37). Vous connaissez la fin de l’histoire et comment David avec seulement une fronde et quelques pierres vint à bout de ce géant.
Et nous frères et sœurs, pourquoi n’imiterions-nous pas David en faisant confiance à Dieu comme il l’a fait ? Dieu qui nous a menés jusque-là, continuerait-il pas à le faire ? « Si Dieu est pour nous, affirme saint Paul, qui sera contre nous ? »(Romains 8, 31)
Quand David affirme : « Je ne manque de rien », cela ne signifie pas que Dieu lui a tout donné, tout de suite. Le Seigneur ne donne jamais tout. Il donneà chacun de nousce dont nous avons besoin : quand c’est le moment et quand Lui l’estime nécessaire.
Frères et sœurs, en cette période incertaine, essayons de garder dans notre cœur, ce simple verset pour aujourd’hui et cette nuit : «Seigneur Tu es mon berger, avec Toi je ne manque de rien »,et n’hésitons à voir le Seigneur à l’œuvre dans toutes les petites attentions qu’Il nous donnera ou qui nous seront manifestées par notre entourage. Dieu vous bénisse et vous console. A demain.