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Homélie de l'abbé Flota pour les funérailles d'Armand Laurent

Cher Armand, nous nous connaissions peu. Nous avons un jour déjeuné à la même table, lors du repas de Noël des seniors au PER de Dolleren en compagnie de Jean-Marie Ehret. Une petite voix m’a dit que tu avais été briefé avant le repas afin que tu restes modéré dans tes blagues et tes jeux de mots. Ce jour-là, je n’ai pas rougi de tes propos et mes oreilles n’ont pas sifflé.
Tu ne m’as pas vu souvent à la Grange et moi je ne t’ai pas vu souvent dans la Maison du Bon Dieu. Sur Sewen, Dolleren et Masevaux, tu t’occupais du culturel et moi du cultuel. Aujourd’hui nous voilà réunis, face à face, tous les deux dans cette église, dans des circonstances bien particulières. Ce n’est plus Noël qui approche comme à l’époque, mais ta Pâques, c’est-à-dire ton passage que tu es invité à faire, non pas sur une scène devant un public, mais devant Dieu. Il n’y a que toi qui puisses le faire. Aujourd’hui, personne ne peut prendre ta place, faire ta doublure, imiter ta voix ou se faire passer pour toi.
Si pour tes spectacles, certaines salles n’étaient pas toujours assez grandes, et qu’il fallait réserver à l’avance, aujourd’hui je veux te dire cette bonne nouvelle, c’est que Dieu t’a réservé une place au ciel ! Pour Te dire cela, je m’appuie sur une parole de Jésus qui disait quelques heures avant de mourir : « Je pars vous préparer une place » (Jean 14, 2). Elle n’est pas payante, elle est gratuite, ce qui ne signifie cependant pas qu’elle ne vaut rien ! Car là où tu vas, il ne s’agit rien moins que de l’Éternité. Dans le même verset biblique, Jésus ajoute : « Dans la Maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ». Cela signifie que tu ne pars pas vers l’inconnu, tu es attendu par Celui qui t’a donné la vie et ce, depuis ton premier souffle.
Durant son ministère, Jésus a fait comme toi, il a su captiver des foules entières par la parole. Pour donner du sens à leur vie, Il leur racontait des histoires qu’on appelle des paraboles.
Un jour, il leur a dit qu’un roi était parti en voyage et avait distribué 5 sacs d’argent au premier de ses serviteurs, 2 sacs d’argent au deuxième serviteur et un sac au troisième, à chacun en fonction de ses capacités (Matthieu 25, 14-30). A l’heure du bilan, le 1er serviteur en rapporta 5 autres sacs pleins de pièces d’argent, le 2e – 2 autres sacs mais le 3e qui avait enfoui l’argent en terre, par paresse et par peur ne ramena que le sac initialement reçu. Dans l’esprit de Jésus, ces sacs de pièces d’argent représentent les talents que Dieu nous a donnés : la liberté, la capacité d’aimer, la volonté, l’intelligence, notre créativité, nos capacités sportives, le don de faire rire, d’être imaginatif, savoir dessiner, chanter, écrire des poèmes, parler plusieurs langues, etc… Je ne sais pas combien de talents, tu as reçus. D’après ce que je viens d’entendre, j’imagine qu’il y en avait beaucoup. Dieu avait été très généreux avec toi. J’espère que tu les as bien utilisés et correctement fait fructifier pour qu’à toi aussi, ce Roi qui est Dieu puisse dire maintenant : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur” (Matthieu 25, 23).
Dans notre vie sur terre, nous ne sommes pas tous appelés à être artistes comme tu l’as été. Toutefois, nous avons tous la tâche d'être artisan de notre propre vie, cette vie que Dieu nous a confiée. En un certain sens, nous devons tous en faire une œuvre d'art, un chef-d'œuvre. « Celui qui perçoit en lui-même cette sorte d'étincelle divine qu'est la vocation artistique - de poète, d'écrivain, de peintre, de sculpteur, d'architecte, de musicien, d'acteur... - perçoit en même temps le devoir de ne pas gaspiller ce talent, mais de le développer pour le mettre au service du prochain et de toute l'humanité » (Lettre du Pape saint Jean-Paul II aux artistes, Pâques 1999).
Tout à l’heure, quand tes amis de la Grange t’ont rendu hommage, ton cercueil a été éclairé par plusieurs projecteurs. Durant de longues années tu as été toi-même sous les feux des projecteurs et tu as permis que d’autres le soient aussi. Tu as été un éveilleur de talents. Dorénavant, c’est Dieu qui sera ta lumière comme le dit le prophète Isaïe (60, 19) : « Dieu sera notre lumière ». Dans le dernier livre de la Bible, il est dit : qu’en présence de Dieu, là où nous espérons nous revoir un jour : « Il n'y aura plus de nuit ; et nous n'aurons besoin ni de lampe, ni de lumière, parce que le Seigneur Dieu, nous éclairera tous ». (Apocalypse 22, 5). Armand, que Dieu éclaire ton cœur, qu’Il le réchauffe au soleil de son amour et qu’Il donne sa lumière ce matin à tous ceux qui doutent et qui sont dans le chagrin !
Durant ta vie, tu as été un fin gourmet et un excellent cuisinier nous disait ta fille. Aujourd’hui, c’est Dieu qui t’invite à sa table. Le ciel ce n’est pas triste, tu auras de bons amis à tes côtés et tant de choses à vous raconter. La Bible appelle ce repas : le banquet des noces de l’Agneau (Apocalypse 19, 9). Mais pour y participer, il faut être bien vêtu. Question costumes, maquillages et perruques, tu t’y connaissais. Mais là où tu vas, tout cela devient inutile, parce que tous nous paraîtrons devant Dieu comme nous sommes. Tu seras habillé tout en blanc, comme au jour de ton baptême, pour te rappeler ta dignité d’enfant de Dieu. Armand que Dieu qui t’accueille te revête du vêtement de noces. La Bible nous dit : « Un vêtement de lin fin lui a été donné, splendide et pur. Car le lin, ce sont les actions justes des saints » (Apocalypse 19,8). Armand nous espérons que tu auras un beau vêtement et que Dieu se fera une immense joie de te le remettre.

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