4e Mardi de carême - 24 mars 2020 - « Veux-tu être guéri ? »
Chers amis,
Chers frères et sœurs,
Nous voilà entrés dans notre 8e jour de confinement. Je remercie tous ceux et celles qui nous disent combien cette petite vidéo quotidienne sur Facebook ou ces quelques lignes envoyées par mail leur font du bien et sont une petite oasis spirituelle dans leur journée. Je rends grâce à Dieu pour la richesse de sa Parole qui est une consolation pour chacun d’entre vous et pour le prêtre que je suis. Qu’elle soit non seulement une nourriture mais aussi un phare qui éclaire nos cœurs, nos consciences et notre agir. Aujourd’hui, la liturgie nous propose un extrait de saint Jean au chapitre 5, versets 1 à 16.
Je voudrais m’attarder sur une toute petite phrase du dialogue entre Jésus et le paralysé au v 6 :
« Veux-tu être guéri ? » sous-entendu : « est-ce que tu veux retrouver la santé ? ». La question semble vraiment inappropriée. Imaginez-vous devant un homme dans la force de l’âge en fauteuil roulant et que vous lui demandiez : « est-ce que tu serais d’accord pour te passer de ton fauteuil ? » Dans un élan de colère, il pourrait vous dire : « tu te moques de moi ? Tu crois que ça me fait plaisir de ne pas pouvoir marcher ou courir avec mes enfants ? Tu crois que ça m’amuse de ne pas pouvoir serrer ma femme dans mes bras ? Tu crois que je suis heureux d’être sans cesse dépendant des autres ? »
Ici, la question de Jésus est posée avec tellement de délicatesse, que l’homme lui répond sur le même ton : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » En effet la tradition voulait que seul le premier malade qui descendait dans l’eau lorsque celle-ci se mettait à bouillonner, fût guéri.
« Veux-tu être guéri ? » demande Jésus. Certains médécins ou thérapeutes vous diront qu’il existe des personnes malades qui, parfois, vivent mal leur retour progressif à la santé. Elles se disent : « une fois que je serai guéri, plus personne ne s’occupera de moi ».
Plusieurs d’entre vous me disent qu’ils espèrent qu’après ces événements la société deviendra meilleure : « j’espère que les hommes reviendront à des valeurs plus pures, primaires, plus respectueuses des autres et de la nature » écrivait tout récemment une jeune maman.
Mais nous savons que cela ne se décrétera pas d’en haut, par un ordre donné depuis les bureaux de l’ONU, l’Elysée ou Matignon. Cela passera par nous, par le changement de nos habitudes, de notre façon de vivre, par notre cœur.
« Veux-tu être guéri ? » Cette question de Jésus suppose de notre part :
- Une réponse personnelle.
- Que nous lui montrions que nous ne voulons pas demeurer dans la situation dans laquelle Il nous trouve.
- Que nous prenions les moyens adéquats pour nous en sortir.
« Veux-tu être guéri ? » nous demande Jésus
Peut-être sommes-nous comme le malade à dire : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger », sous-entendu : « Seigneur, je n’ai personne pour m’aider ». Ne pensons pas que dans l’épreuve planétaire que nous traversons nous sommes seuls. Dieu qui a créé ce monde et qui ne cesse de le créer, est au chevet de notre planète. Mais Il nous pose la question : « Veux-tu être guéri ? », acceptes-tu que Je te soigne ? Jésus en effet, en Luc 5, 31-32 affirme : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »
Pour guérir, Il nous demande de ne plus pactiser avec nos anciennes habitudes, nos défauts ou nos erreurs : « après tout, je suis comme cela, je ne peux changer ou encore, à mon âge, je ne vois pas pourquoi je changerai ». Rappelez-vous que dans l’évangile, l’homme que Jésus rencontre est paralysé depuis 38 ans.
Peut-être que nous aussi, nous souffrons de certaines paralysies du cœur depuis longtemps. Il y a tout ce qui touche à l’environnement, à nos manières de vivre, de faire ou d’être avec les autres, au look ou à l’apparence que nous voulons donner. Je pense qu’avec le confinement, beaucoup de personnes passent moins de temps devant la glace de leur salle de bain et deviennent plus simples.
Mais sur un autre niveau, il y a aussi des paralysies du cœur que Jésus souhaite guérir en nous. Nous sommes peut-être en froid, fâchés en rancune avec l’une ou l’autre personne depuis des années à cause d’un divorce, d’un héritage, d’un licenciement, d’une mésentente de voisinage et que peut-être, cette personne habite sur le même palier ou dans le même quartier. Ce confinement peut nous faire réfléchir. Ne serais-je pas plus libre intérieurement si j’arrivais à faire au moins un petit pas ? Ne parlons pas tout de suite de pardon ou de réconciliation, mais juste d’un petit coucou par sms : « Et toi, comment vas-tu ? »
Frères et sœurs, nous sommes tous très pauvres les uns vis-à-vis des autres en cette période. Peut-être que mes propos vont faire naître chez l’un ou l’autre une grimace. Mais si Jésus nous dit : « Veux-tu être guéri ? » c’est parce qu’il nous demande de ne pas nous résigner, il nous demande de ne pas abdiquer devant nos défauts, nos faiblesses, nos froideurs ou certaines blessures qui nous séparent momentanément ou durablement de Dieu et des autres.
Frères et sœurs, pour compléter cette petite méditation, je vous propose d’écouter et de faire vôtres les paroles du cantique qui s’intitule : « C’est par ta grâce que je peux m’approcher de Toi ».
Ce soir à la messe, nous continuerons de nous porter mutuellement dans la prière. Je la célébrerai à l’intention du jour, mais aussi pour toutes vos intentions, pour les malades de votre entourage, pour les soignants, nos dirigeants et surtout pour tous ceux et celles qui meurent seuls. Dieu vous bénisse.
Les églises de France sonneront à 19h30 et tous seront invités à poser une bougie à leur fenêtre.
A cette occasion de la fête de l’Annonciation, l’ensemble des évêques de France invite les Français à un geste commun ce mercredi 25 mars à 19h30.
Alors que les catholiques vivront cette fête mariale de l’espérance, tout le monde sera invité à déposer une bougie sur sa fenêtre au moment où les cloches sonneront.
Ce geste commun sera une marque de communion de pensée et de prière avec les défunts, les malades et leurs proches, avec tous les soignants et tous ceux qui rendent possible la vie de notre pays. Ce sera aussi l’expression du désir que la sortie de l’épidémie trouve chacun plus déterminé aux changements de mode de vie qui sont nécessaires depuis des années.
En ce mercredi 25 mars, les catholiques du monde fêteront l’annonce faite par l’ange Gabriel à Marie. L’Annonciation est d’abord la fête de l’Incarnation puisque Dieu commence en Marie sa vie humaine qui conduira Jésus jusqu’à la Croix et la Résurrection, jusqu’à la Gloire de Dieu.
Les catholiques, demanderont en même temps à la Vierge Marie de remplir les cœurs de foi, d’espérance et de charité en ces temps et de nous obtenir la grâce de l’Esprit-Saint pour que nous sachions trouver les gestes nécessaires.